RICHARD JENKIN

maginez-vous, attiré(e) par la terrible beauté d’un vampire, vous vous avancez vers lui pour l’aborder et faire plus ample connaissance. Il accepte volontiers de discuter avec vous et dans chacun de ses propos vous décelez comme un ton charmeur. Il vous apparaît comme quelqu’un d’ouvert d’esprit et qui apprécie particulièrement les personnes qui ont de la conversation. Plus tard vous lui demandez de vous parler de lui et vous vous apercevez qu’il est quelque peu narcissique. Ca doit certainement déranger d’autres personnes, mais son admiration de lui-même reste tout de même raisonnable, pour le moment…

Il se présente comme une personne patiente et douce, en prenant la peine de préciser que cela dépend des circonstances, il ne s’étale pas plus que cela sur le sujet. Optimiste, pour lui il faut toujours voir le verre à moitié plein et non à moitié vide. Tout problème a une solution. Pour ne pas que vous commenciez à vous demander si vous n’avez pas face à vous « l’être parfait », il vous apprend qu’il est très compétitif. Que cela soit dans la vie de tous les jours, professionnellement ou sentimentalement parlant. Il prend très à cœur la compétition et peut parfois se montrer « mauvais joueur ». Vous ne savez pas vraiment ce qu’il entend par là parce qu’il reste très évasif, c’est quelque peu gênant, mais son côté sincère fait que l’on n’insiste pas plus.

Vous vous avancez un peu dans le temps et osez lui demander comment il se définit lorsqu’il est en couple. Vous obtenez pour simple réponse : « peut-être le saurez-vous un jour ». Son côté mystérieuxvous semble alors plus grisant que jamais.

Longtemps après, vous constatez que vous avez été crédule. Le vampire que vous pensiez connaître n’est autre qu’un être abject, d’une arrogance démesurée, d’un cynisme blessant. Depuis le début il ne fait que vous manipuler, jouer avec vous, car c’est ce qu’il aime. Parfois vous avez même l’impression qu’il pourrait se montrer violent s’il le voulait bien, mais il semble avoir une bonne maîtrise de lui-même. 

« En couple » avec lui, vous regrettez d’avoir voulu savoir ce que cela donnerait. Au fond vous n’avez été que son objet, sa boisson, et vous vous estimez heureux(euse) qu’il ne vous ait pas tué(e) comme il l’a fait avec d’autres. Car oui, des autres, il y en avait tout le temps. Victime d’un homme infidèle, possessif et jaloux, vous ne pouviez pas trouver pire. Au fond, il est tout sauf sincère.

Qui a dit qu’un homme attaché à son image est quelqu’un de superficiel ? Je vois quelques mains levées…Les autres, vous pensez juste qu’il s’agit d’une personne qui prend soin d’elle ? Bien bien…

Voyez, je vais vous parler d’un homme qui, lorsqu’il était plus jeune, n’avait pas de réelle motivation à paraître plus beau qu’un autre. Un homme qui se contentait d’être Mr tout le monde. Non sans plaire, il se satisfaisait de ce qu’il avait sans chercher plus de succès. Cet homme anciennement banal est aujourd’hui un individu d’un bon mètre 86 avec une imposante stature bâtie grâce à de longues heures de sport. Ses cheveux bruns et soyeux, toujours coiffés vers l’arrière lui dégage un visage aux traits masculins. Et s’il choisit de laisser tomber une mèche rebelle sur celui-ci c’est en partie pour relever ses yeux marron clair qui virent au doré selon l’intensité de la lumière. Et si tout cela ne lui donne pas un côté sombre, ses regards intenses et ses rictus réguliers font le reste du travail. A cela s’ajoute ses diverses postures qu’il veut majestueuses et son style vestimentaire en rien décontracté, même lorsqu’il dit l’être. C’est pourquoi de prime abord cet homme paraît comme un ténébreux, renvoyant une image élégante et qui par conséquent suscite très peu la méfiance, laissant place à l’admiration.

Cet homme n'est autre que celui dont je vous ai parlé précédemment. Je vous invite à poursuivre pour en savoir plus.

Il était une fois une modeste famille de la ville de Philadelphie. Une femme institutrice, un homme marine, et un nouveau-né qui avait vu le jour au mois de novembre. Malgré le fait que le père soit très peu présent, la jeune femme faisait tout son possible pour que son fils soit en bonne santé. De plus, elle était aidée par le demi-frère de son mari, Aidan, qui lui était infirmier. En grandissant, le garçon qui portait le prénom de Richard, avait tendance à estimer son oncle plus que son géniteur lui-même. Autant dire que c’était avec lui qu’il grandissait et qu’il vivait plusieurs de ses premières fois, le vélo, la pièce de théâtre, etc. Si bien qu’à l’âge de 8 ans, lorsqu’il apprit le décès de son père en mer, il ne comprit pas pourquoi il était le seul à ne pas être anéanti. Sa mère et celui qu’il considérait comme son père adoptif semblait au bord de la dépression, lui, bien que triste, avait juste l’impression d’avoir perdu un oncle éloigné. 

Toujours, malgré la différence d’âge entre les deux, Richard avait pensé que son oncle Aidan et sa mère étaient amoureux, toutefois, à l’âge de 16 ans, il s’était rendu compte que celui-ci était tout simplement homosexuel. Richard était donc le fils qu’Aidan ne pourrait jamais avoir, cela coulait de source…

Le brun avait surpris Aidan dans les bras d’un autre homme alors qu’il s’était rendu chez lui sans prévenir. Choqué, il s’était aussitôt caché et enfui dès qu’il avait retrouvé ses esprits. A partir de ce moment, son regard sur Aidan changea…De prime abord il s’éloigna de lui, se montra blessant…Il pensait être dégoûté de ce qu’il avait appris, et pourtant, petit à petit il se surprit à vouloir changer physiquement. De l’adolescent banal qui ne prenait pas soin de lui, qui se contentait de passer une main dans ses cheveux en guise de coiffage, il se transforma en celui qui faisait chavirer les cœurs au lycée. Richard ne mit pas longtemps à comprendre que tout ce qu’il voulait, c’était attiré le regard de Aidan qui n’était que de 18 ans son ainé et qui au fond n’avait aucun lien de sang avec lui. C’est ainsi qu’il découvrit son « homosexualité ». 

Entre frustration et chagrin, Richard se forgea petit à petit et se persuada qu’il devait réussir sa vie pour conquérir Aidan. Bon élève, il avait de l’ambition, et c’est, fasciné par la parfaite dentition, qu’il se dirigea vers la prestigieuse université de Pennsylvanie. Il ne savait pas pourquoi il était aussi obsédé par les dents, et si sa mère trouvait cela quelque peu étrange, elle apporta tout son soutien à son fils. Malade, elle ne le vit pas finir ses études et passa l’arme à gauche alors que celui-ci finissait sa première année d’étude. Ce fut un coup dur pour lui, mais heureusement, son oncle était là.

A 20 ans, Aidan avait 38 ans et aussi étonnant que cela puisse paraître, son oncle semblait toujours si jeune, si beau…Malgré les amants qu’il avait, Richard ne pouvait s’empêcher de jalouser ces « fils ** **** » qui touchaient à ce qui lui appartenait…Il les aurait tué s’il le pouvait…C’était de la faute de Aidan s’il avait développé cette jalousie maladive, et c’était grâce à lui qu’il avait une si bonne maîtrise de soi, il ne voulait pas le blesser, pas le perdre…Son internat en médecine le sauvait grandement, ainsi il voyait moins celui qui hantait ses plus sombres pensées. Pendant quelques années sans le voir, ayant choisi de couper les ponts avec son oncle, Richard fut enfin diplômé. Dès cet instant, son objectif redevint celui de son adolescence.

Ce jour-là, il se dirigea chez Aidan, bien décidé à lui avouer ce qu’il avait sur le cœur. Et à nouveau, il vit quelque chose qu’il n’aurait pas dû voir. Aidan allongé sur le corps d’un homme inerte, ses lèvres au niveau de son cou…du sang…de magnifiques dents…non des crocs…sublimes. Cette fois il n’eut pas le temps de fuir.

- Rich...Tu ne devais pas le découvrir ainsi…
- Aidan…qu’est-ce que… ?
- Tu ne t’es jamais demandé pourquoi je ne vieillissais pas ? Pourquoi ces dernières années j’ai arrêté de sortir la journée ? Ah suis-je bête…bien sûr que non puisque tu as coupé les ponts avec moi !!
- … Qu’est-ce que tu veux dire ?
- Un vampire Rich, je suis…un vampire…

Aussi tordu que pouvait l’être le dentiste, il n’aurait jamais pu imaginer quelque chose pareil, et il pensait réellement faire un mauvais rêve. Jusqu’à ce que son oncle s’approche de lui et le coince entre le mur et son corps. 

- Tu m’as abandonné…J’ai tout fait pour que tu sois mien et toi…
- …Aid…
- Chuut…tu es là maintenant. Je t’aime Rich…Lionheart (surnom que lui donnait Aidan, par rapport à "Richard cœur de lion")...prends-moi.

Sans avoir le temps de réagir, Richard senti les lèvres de Aidan se plaquer contre les siennes et, obnubilé par ce qu’il avait toujours désiré, il laissa son instinct de bête prendre le dessus. Lorsqu’il ouvrit les yeux, il se sentit différent. Sans souvenir de ce qu’il s’était passé, il avait à ses côtés le corps endormi de celui qu’il aimait et le sien qui n’était plus ce qu’il était. 

Amant et mentor, Aidan était maintenant tout pour lui. Il était son seul exemple en tant que vampire, pas forcément le meilleur, puisque l’infirmier faisait partie de cette catégorie que l’on appelait les « broken ». 

Ensemble ils étaient les plus heureux, mais aux yeux des autres, ils étaient les pires. C’est pourquoi un jour, ils furent séparés, séparés par la mort de Aidan, tué pour avoir été un « broken ».
Ca, c’est une histoire dont Richard ne parlera jamais. C’est pourquoi, envahi par la haine. De longues années plus tard, c’est à New York qu’il répand la douleur autour de lui.